PAUL VIRILIO, PHILOSOPHE, VEUT OUVRIR UNE UNIVERSITE DES DESASTRES
(Un trader de Wall Street apprenant la chute de la banque Lehman Brothers en septembre)
NEWS NEWS NEWS À la dernière exposition de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, impressionnante, l’un montre l’enracinement, l’autre le déracinement. L’un expose ses images et ses films de gens attachés à leur terroir, des paysans et des villageois effrayés de perdre leurs origines, les paysages qui les entourent, leurs terres. L’autre dresse des cartes des migrations contemporaines, émigrés de la pauvreté, refugiés climatiques, exode rural, ouvriers cherchant du travail. Le premier est photographe et cinéaste, il s’appelle Raymond Depardon. Le second est urbaniste et essayiste - son nom, Paul Virilio. Son dernier ouvrage s'intitule « L’université du désastre » (Galilée, 2008). Rencontre avec un philosophe original, un des rares à réfléchir sur le crucial et l'époque, qui étudie depuis trente ans un phénomène excessivement moderne, qui a bouleverse à jamais notre monde : la vitesse.
Fondation Cartier pour l'art contemporain. 261 Boulevard Raspail, Paris 75014. Jusqu'au 15 mars 2009.
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À LA ROCHELLE, AVEC PAUL VIRILIO
Casquette sur l’œil, Paul Virilio vous reçoit devant les grandes baies de la médiathèque de La Rochelle, où il vit. Cela fait trente ans que l’homme réfléchit à un phénomène excessivement industriel, aujourd’hui électronique, médiatique, boursier - universel : la vitesse, qui a bouleversé notre époque. « Entendez l’extraordinaire accélération que connaissent les transports terrestres, aériens, spatiaux, qui rapetissent notre Terre, mais aussi les communications et les télécommunications à travers les ondes électromagnétiques, qui abolissent le temps et les distances pour nous faire vivre dans l’instantané. » Réfléchir à la vitesse emballée du monde a mené Paul Virilio à s’interroger à la possibilité de « la perte de contrôle » - de l’accident à grande vitesse aux conséquences incontrôlables, qu’il soit « informatique, ferroviaire, ou nucléaire ». Etudier les rythmes précipités des médias, des écrans omniprésents, de l’information « en temps réel », des cotations financières immédiates lui a révélé « la dictature du présent » - au profit de l’analyse critique, de la mémoire, du recul. Mais aussi ses effets dévastateurs directs : virus informatiques, panique boursière, rumeurs faisant le tour du monde … à toute vitesse. « Nous vivons tous en ubiquité, continue Paul Virilio, réagissant à coups d’affects collectifs, selon des rythmes inconnus qui n’ont plus rien à voir avec les rythmes terrestres, diurnes ou saisonniers ».